Le 13 novembre 2019, les enfants de l’association Be a Blessing visitent la Foire Internationale du Livre de Lomé qui a lieu au centre Blue Zone de Lomé. Cette Foire est une initiative du club Le littéraire dirigé par Monsieur Steve Bodjona, écrivain et diplomate togolais.
Dans le bus qui les conduit au centre Blue Zone, Madame Kifayath, présidente de cette association, explique aux enfants, les tenants et les aboutissants de cette initiative portée par le club le littéraire.
Arrivés sur les lieux, les enfants ont visité différents stands de livres. Ils sont émerveillés par tout ce qu’ils voient. Des maisons d’éditions du Togo et de la sous-région ont exposé différents livres les uns plus intéressants que les autres.
Dans la poursuite de leur visite, ils arrivent au stand de la maison d’édition Graines de Pensées du Togo. Ils s’arrêtent pour mieux découvrir les livres qui sont exposés. Des livres de contes, des histoires sur le patrimoine du Togo, des livres sur l’environnement… et une discussion s’engage entre deux enfants :
Edem : Tu sais Damtéti, je me demande comment ces gens font pour faire sortir tous ces livres !
Damtéti : La dernière fois à la séance de lecture avec Madame Kifayath, elle nous a dit que ce sont les œuvres des imprimeurs et des maisons d’édition. Moi, j’aimerais bien découvrir les machines qu’ils utilisent pour faire les livres et mettre les couleurs. Regarde comment ces livres sont beaux !
Edem : Eh Damtéti, je suis sûre que ce sont de grosses machines.
Ce jour-là, les deux directrices fondatrices de la maison d’édition Graines de Pensées étaient aussi présentes à la foire. Elles étaient en train de discuter entre elles quand elles ont surpris la conversation entre ces élèves. Elles engagent une discussion avec eux :
Mme Tchotcho : Bonsoir les jeunes ! Comment allez-vous ?
Les élèves : Bonsoir Madame. Nous allons bien !
À ce moment précis, Madame Kifayath, présidente de l’Association s’approche du stand de Graines de Pensées et en profite pour présenter les deux femmes aux élèves.
Kifyath : Je vous présente Madame Tchotcho Christiane ÉKUÉ et Madame Yasmîn ISSAKA-COUBAGEAT.
Elles sont les fondatrices et directrices de la maison d’édition Graines de Pensées.
Madame Tchotcho ÉKUÉ est la Directrice générale de la maison d’édition et elle est aussi auteure. Elle a écrit beaucoup de livres pour les enfants et les adultes.
Madame Yasmîn ISSAKA-COUBAGEAT est la Directrice éditoriale.
Ces deux dames dirigent ensemble la maison d’édition Graines de Pensées. Vous vous rappelez des livres qu’elles nous ont offerts ?
Damtéti et Edem : Oui Madame.
Damtéti : Moi je les ai beaucoup aimés.
Nous sommes heureux de vous rencontrer aujourd’hui. (avec sourire).
Madame Yasmîn : Heureuse aussi de savoir que vous vous intéressez aux livres et à l’édition.
Kifayath : (avec un sourire). Les jeunes, profitez-en pour poser toutes vos questions aux dames. Je vais appeler vos camarades qui s’intéressent aussi aux livres.
Edem tout excité répond :
Edem : Super, madame Kifayath ! Dites-leur de se dépêcher.
Edem : Madame Tchotcho, qu’est-ce qu’une maison d’édition ? Et quelle est l’histoire derrière Graines de Pensées ? Quand et comment est-elle née ?
Madame Tchotcho : Une maison d’édition est une entreprise qui produit et diffuse des livres.
La maison d’édition Graines de Pensées a commencé ses activités en 2005. Elle est née face à un constat que nous avons fait. Yasmîn et moi avions remarqué qu’il y avait un besoin en édition dans notre pays et comme nous avions déjà cette passion commune d’ouvrir une maison d’édition afin de contribuer à l’expression culturelle africaine et de valoriser notre pays sur la scène internationale à travers le livre, nous nous sommes lancées et aujourd’hui vous avez Graines de Pensées.
Pendant ce temps, d’autres élèves rejoignent le petit groupe accompagné de madame Kifayath.
Damtéti : Madame Yasmîn, j’aime beaucoup les livres. Pouvez-vous nous dire comment se fait un livre jeunesse ?
Madame Yasmîn : Eh bien, ce qu’il faut d’abord savoir, c’est qu’éditer un livre est tout un processus et que l’éditeur est le chef d’orchestre qui coordonne les activités de tous les acteurs qui interviennent pour faire un livre.
L’auteur du livre écrit son texte et prend contact ensuite avec une maison d’édition, comme Graines de Pensées, par exemple. Si le texte est bon et correspond à notre ligne éditoriale, nous lui proposons un contrat et passons à la correction de toutes les fautes dans le texte puis nous procédons à la mise en page du livre. Nous pouvons également proposer un illustrateur si l’auteur n’en a pas. Parfois, il en a déjà un et nous travaillons avec lui. Nos graphistes ou designers réalisent aussi la couverture du livre. Pour finir nous produisons une maquette qui est le modèle du livre tel qu’il devra être une fois imprimé. Puis, nous passons à l’imprimerie pour commander le nombre d’exemplaires convenu avec l’auteur.
Et aussi, pour avoir des livres de qualité, nous restons exigeantes dans le choix de nos imprimeurs, du papier et dans le façonnage. Nous suivons de bout en bout tout le travail qui se fait jusqu’à l’obtention du livre que vous avez entre vos mains.
Edem : Madame, moi j’aurais aimé visiter votre lieu de travail et surtout l’imprimerie pour voir les machines, et voir aussi comment se fait la mise en page, les couleurs des illustrations… Franchement, je rêve de le découvrir.
Madame Yasmîn : Eh bien, nous allons rediscuter avec Kifayath et nous allons programmer une visite avec un illustrateur et un imprimeur, pourquoi pas ?
Kifayath : Il y a aussi l’écrivain et illustrateur KanAd, qui organise des ateliers avec les enfants et jeunes passionnés de dessin et d’illustration pour leur montrer le travail des illustrateurs.
vous pouvez aussi lire: https://hidiculture.com/a-la-decouverte-du-metier-dillustrateur-avec-kanad/
Ayélé, une autre élève de l’association Be a Blessing a rejoint le groupe au cours de la discussion :
Ayélé : Madame Yasmîn, avez-vous déjà refusé l’édition de certains textes ? Ou bien vous acceptez tous les tapuscrits que vous recevez ?
Madame Yasmîn : Non. Nous n’acceptons pas tous les textes que nous recevons. Nous avons une ligne éditoriale et nos critères de sélection. Donc, si le texte ne correspond pas à notre ligne éditoriale, s’il est diffamatoire ou porte atteinte aux bonnes mœurs, nous le refusons. Si la thématique générale n’est pas intéressante ou si le texte est mal écrit, nous le refusons également. Parfois nous proposons à l’auteur de réécrire certains passages de son texte s’il veut nécessairement être édité chez nous.
Ayélé : Est-ce que les gens acceptent de réécrire leur texte ?
Yasmin : Certaines personnes acceptent, d’autres ne sont pas d’accord et se dirigent vers une autre maison d’édition ou une imprimerie.
Une autre élève nommée Essohanam prend aussi la parole :
Essohanam : Madame Tchotcho, quelles études faut-il faire pour être éditeur ou éditrice ?
Madame Tchotcho : Le métier d’éditeur exige une excellente culture générale et une maîtrise presque parfaite de la langue française. Et il faut surtout avoir une passion pour le livre. Devenir éditeur suppose une formation qui se fait dans des universités mais aussi sur le tas auprès de maisons d’édition existantes. Le futur éditeur doit se familiariser avec le travail de tous les acteurs du livre pour pouvoir en sélectionner les meilleurs pour constituer son équipe. Car, l’éditeur est le chef d’orchestre qui coordonne les activités de tous les maillons de la chaîne du livre.
Edem : Madame YasmIn et Madame Tchotcho, pourquoi avez-vous choisi le métier d’éditrice ? Vos parents étaient-ils d’accord avec votre choix ?
Madame Yasmine affiche un sourire :
Madame Yasmin : Waouh. Quelle question !
Ben, en fait, j’aime la lecture depuis toute petite. J’aime l’objet livre et je suis une grande dévoreuse de livres. Après mes études à l’extérieur, en gestion et en lettres, je suis rentrée dans mon pays le Togo. J’ai décidé alors de travailler dans ce domaine qui me passionnait depuis toute petite. Ensuite, j’ai rencontré Madame Tchotcho qui avait la même passion et qui travaillait déjà dans une ancienne maison d’édition (NEA) et l’histoire de Graines de Pensées a commencé.
Mes parents savaient que j’aimais beaucoup le livre et que je voulais nécessairement travailler dans un domaine lié au livre alors, ils ont respecté mon choix.
Madame Tchotcho : Comme Yasmîn l’a déjà dit, j’ai une grande passion pour le livre. Et j’ai grandi dans un environnement lettré, avec une mère institutrice. Après des études de lettres, j’ai d’abord travaillé comme enseignante. Puis, ma passion pour la lecture et l’écriture, m’a conduit à postuler pour un poste de lectrice/correctrice aux Nouvelles Éditions Africaines (NÉA) dont je suis devenue par la suite la directrice éditoriale. Malheureusement cette maison d’édition périclité et j’ai rencontré Yasmin. Nous avons fait les mêmes constats et l’aventure avec Graines de Pensées a commencé.
Edem : Merci Madame. De très bons parcours.
Ayélé, tellement émerveillée par l’histoire des deux grandes dames, ne fait que sourire. Elle décide de leur poser encore une question :
Ayélé : Notre professeur de mathématiques nous dit souvent que les femmes ne s’entendent jamais quand elles sont ensemble. Comment êtes-vous arrivé à travailler ensemble durant toutes ces années ? Avez-vous un secret à partager avec nous, vos jeunes sœurs et filles afin que nous puissions développer la sororité et travailler ensemble quand nous serons adultes ?
Madame Tchotcho : Avec un sourire. Nous n’avons pas eu de difficultés à travailler ensemble. Nous partageons la même passion, la même motivation, la même vision, la même vocation donc le reste est plus facile à gérer.
Ayélé : Merci Madame pour les partages. Ils nous seront très utiles.
Essohanam : Madame Tchotcho, moi, j’ai une question pour vous : Que pensez-vous de la littérature jeunesse au Togo et quels sont vos challenges ?
Madame Tchotcho : Je pense que la littérature jeunesse au Togo est en plein essor. Il y a un changement depuis quelques temps. Les gens reconnaissent qu’il y a un besoin alors ils portent un intérêt particulier à la littérature jeunesse et commencent à écrire pour offrir du contenu aux jeunes. Néanmoins, il reste encore du travail à faire. Le challenge est d’offrir encore plus de contenus de qualité et à un prix accessible au jeune public et de former une bonne relève.
Edem : Madame Yasmine : Pouvez-vous nous parler de vos actions pour la promotion de la lecture au Togo et en particulier chez les enfants et jeunes ?
Madame Yasmîn : Graines de Pensées mène différentes actions pour la promotion de la lecture. Nous travaillons avec des bibliothèques et associations ou organisations de promotion de la lecture en leur octroyant des livres. Nous organisons des ateliers de formation, nous faisons aussi des tournées d’auteurs dans des écoles, nous organisons des dédicaces et rencontres avec les auteurs…
Edem : Félicitations Mesdames, pour ce noble travail que vous faites en faveur de l’éducation au Togo.
Les enfants sont maintenant tournés vers les livres exposés sur le stand de la maison d’édition.
Kifayath reprend la parole.
Kifayath : Les jeunes, en avez-vous fini avec vos questions ?
Le groupe : Oui Madame.
Kifayath : OK. Si vous n’avez plus rien à ajouter, vous allez maintenant dire merci aux directrices pour leur partage et nous allons continuer la visite.
Edem : Merci Mesdames pour votre disponibilité et pour le temps accordé. Nous avons encore appris beaucoup de choses aujourd’hui qui nous ont enrichies.
Madame Yasmîn: Je vous en prie ! C’est un plaisir pour nous d’avoir échangé avec vous.
Ayélé : Madame Tchotcho, moi j’aimerais venir parler avec vous de votre vie d’écrivaine si vous le permettez.
Madame Tchotcho : Avec plaisir. Tu peux me contacter et venir me voir plus tard.
Kifayath : Merci beaucoup Mesdames pour votre engagement auprès de la jeunesse et pour l’éducation.
Vous êtes parmi ces rares femmes qui produisent des contenus jeunesse pour les enfants et jeunes. Et à travers vos œuvres, vous nous donnez la force de continuer le travail sur le terrain. Nous attendons encore nos colis (les nouveaux livres) (avec un sourire).
Madame Yasmîn : Merci Kifayath. Félicitations à toi aussi pour ton travail de médiation.
Les enfants quittent le stand de Graines de Pensées et se dirigent vers un autre stand pour une autre découverte.
Qu’est-ce que l’association Be a Blessing ?
L’association Be a Blessing est située dans le quartier de Zanguéra. Elle a pour mission de contribuer non seulement à l’amélioration du niveau de la connaissance de la langue française mais aussi à une meilleure condition de vie des jeunes togolais.
Elle organise plusieurs activités et particulièrement des activités de lecture pour les jeunes des CEG AKEPE NOEPE tous les mercredis et samedis.
NB: la maison d’édition Graines de Pensés est basée à Lomé au Togo
Texte: hidiculture
